Ceci est le script de ma deuxième vidéo. Pour toute référence à des graphiques ou liens, je vous invite à la visionner sur YouTube:
Si je vous demandais combien de dangers court aujourd'hui l'espèce humaine, je suis sûr que vous pourriez m'en donner 5 ou 6 sans réfléchir.
Mais la plus grande menace n'est pas toujours celle qu'on voit venir.
Métastase
En 2008, je vivais encore en Allemagne, un médecin généraliste me diagnostique une mononucléose.
Chez l’adulte, il me dit, y’a pas grand chose à faire, juste attendre.
Alors j’attends…
Six mois plus tard, j’rentre en France pour des vacances, et mes proches me trouve méconnaissable.
Du coup, ils insistent pour que je vois un autre médecin.
Un mois plus tard, et quelques biopsies dans les pattes, un résultat des courses : cancer, stade IV.
Certaines maladies nous rongent lentement.
A se voir tous les jours dans le miroir, on ne se voit pas mourir.
Chaque petit changement s’installe discrètement, jour après jour, et ils deviennent notre nouveau normal, jusqu’au jour où la vérité nous explose au visage.
La crise dont je vous parle aujourd’hui est déjà là.
Elle est encore dissimulée derrière des idées reçues vieillissantes, comme la peur de la surpopulation.
Elle est étrangement absente du discours public, certainement parce qu’elle ne fait rien vendre.
Et dès qu’on veut creuser en profondeur, une meute d'idéologues susceptibles commencent à aboyer et paralysent la discussion.
Pourtant, dans quelques années à peine, il sera impossible de l’ignorer.
Alors évitons de faire comme mon médecin généraliste, et essayons dès maintenant, de poser le bon diagnostique.
Source
Quand on aborde des sujets de société comme la crise des naissance, il y a deux écoles.
Y'a ceux qui expriment une opinion sur le moment et vous bricolent des foutaises-sur-mesure.
Un mélange confus de ouï-dire à moitié oubliés et de surenchère morale, déguisés en signe de vertu sociale.
Et puis y'a ceux qui creusent, qui lisent, qui doutent et réalisent qu'ils ne savent pas grand chose.
Et ça c'est bien normal.
Parce que la vérité ne s'offre jamais en surface, elle est tapie dans les détails.
N'importe qui peut vous pondre une explication avec de l'imagination.
Et tant qu'à faire, vous dire ce que vous voulez entendre, car votre argent est toujours bon à prendre.
Le résultat d'un siècle de stratégie publicitaire, c'est que nous avons appris à préférer les explications simples.
A chercher des solutions rapides. A courir après les produits miracles.
Ce que j’essaie de vous dire, c’est que la vérité par nature, implique un certain temps d'exposition, et n’est pas toujours facile à entendre.
Elle exige de la patience, des recherches et de se remettre en question.
C’est ce prix à payer qui la condamne à rester immergée au fond d’un océan d'informations, engloutie par la fiction.
Alors j’prétends pas détenir la vérité sur le sujet dont on va parler, et personne ne devrait.
Mais une chose est sûre, c’est que j’ai pas trouvé tout ça sur TikTok, ni sur Google Actualités.
Quand un sujet vous intéresse ou vous paraît important, ne vous arrêtez pas aux bruits qui vous parviennent.
Creusez, confrontez, doutez, jusqu’à atteindre le signal.
Parce qu’au bout du compte, comprendre, c’est un effort qu’on peut déléguer à personne.
Bon, je crois que j’ai fini de justifier que cette vidéo sera longue.
Sinon demandez à Konbini, ça leur prend trente secondes.
La Crise des Naissances
On ne peut pas parler démographie sans aborder quelques chiffres.
Et le premier, celui qu'on connait tous quand il s'agit des naissances, c'est 2,1.
2,1, c'est le nombre moyen d'enfants par femme pour qu'un pays assure le renouvellement de sa population.
Aujourd'hui en France, notre taux de fécondité est de 1,6.
C'est 0,5 en dessous du seuil de renouvellement, et le taux le plus faible en France depuis cent ans.
Dit comme ça, ça ne paraît pas grand chose.
Mais 1,6 en moyenne, c'est chaque génération qui se réduit d'un quart par rapport à la précédente.
Au bout de trois générations seulement, le nombre d'enfants se voit réduit de 60%.
Et ça, c'est si les chiffres restent stables.
Comme vous le voyez, ce n'est pas vraiment la tendance.
Faisons maintenant un bon en Corée du Sud pour entrevoir notre futur.
La Corée est à 0,7 enfants en moyenne.
Pour eux dans 3 générations, il naitra 4 enfants pour les 100 qui naissent aujourd'hui.
Et ils ne sont déjà plus très nombreux.
Il faut savoir que 70% des pays du monde sont déjà en dessous du seuil de renouvellement.
Les exceptions, pour le moment, la plupart en Afrique sub-saharienne, perdent 1 enfant par femme tous les 15 ans.
Nous sommes donc tous sur la même pente, juste à des périodes différentes.
Vous vous demandez peut-être: est-ce vraiment un problème ?
Après tout, on est déjà beaucoup trop de monde.
Donc la baisse des naissances, ça peut pas être bien grave.
Ca fera du bien à la planète.
Négatif
Pour que notre pays fonctionne, la pyramide des âges doit respecter un certain équilibre.
Au centre: la population active, qui produit les ressources et finance le système.
En haut, les retraités soutenus par les actifs grâce aux cotisations et aux impôts.
En bas, les jeunes, qui doivent être suffisamment nombreux pour prendre la relève.
Vue comme ça, la pyramide des âges en France en 2024 semble inoffensive.
Mais prenons le temps de réfléchir et concentrons-nous sur la baisse du nombre de naissance ces 10 dernières années.
Alors ca peut paraitre évident, mais la science démographique prédit l'avenir avec une précision terrifiante.
Voyez donc par vous-même.
Avec cette pyramide, on peut voyager dans le temps.
Pour partir un an dans le futur, on remonte simplement chaque ligne d'un cran. Et hop, tous les français vieillissent d'un an.
Ajoutons maintenant les naissances de l'année suivante en s'appuyant sur la tendance actuelle.
Si on imagine qu'elle est équivalente à celle des 15 dernières années, et qu'on ajoute la baisse du nombre de femmes françaises qui en résulte, voilà ce que ça donne.
Par souci de démonstration, ne prenons pas en compte l'immigration dont un des rôles est de palier à ce manque de naissances.
Alors, vous en pensez-quoi?
J'espère que vous commencez a comprendre qu'à côté de cette urgence, le réchauffement climatique peut bien attendre.
Car cette crise des naissances présente des risques bien plus imminents dont vous faites déjà l'expérience.
Sillage
Les conséquences économiques et sociales d'une inversion de la pyramide des âges sont colossales.
La population vieillissante va exercer une pression croissante sur des systèmes de santé déjà fragilisés qui ne pourront jamais satisfaire toute la demande.
La solitude - déjà symptomatique de cette génération - continuera de s'amplifier puisque de moins en moins d'entre eux auront des enfants.
Il faudra les prendre en charge, faute d'entourage familial.
En parallèle, le nombre d'actifs censés financer tout le système va continuer à diminuer.
De moins en moins nombreux, ils paieront de plus en plus d'impôts, seront de plus en plus taxés.
Mais ce ne sera jamais assez.
Nos villes, nos services publiques, toute notre société fonctionnent grâce à l'argent du contribuable en perfusion permanente.
Ils dépendent d'un système qui ne doit sa survie qu'à son accélération constante.
Ils subiront donc de plein fouet la baisse de la population.
Car un nombre toujours plus faible de contribuables ne pourra jamais compenser une dette en perpétuelle croissance.
Année après année, les budgets vont se réduire.
Entretenir les rues, ramasser vos déchets, financer les écoles, la police, les hôpitaux, la justice, va devenir compliqué.
Les commerces commenceront à fermer.
Les derniers survivants, voyant leur clientèle baisser, n'auront plus d'intêret à investir pour combattre la vétusté.
Peu à peu la vie va disparaître des quartiers, les campagnes avant les villes seront vidées de leurs commerces et leurs services.
En l'absence de ces commodités nécessaires à la survie, l'immobilier s'effondre, et les habitants quittent des biens qui n'intéressent plus personne, qui ne valent donc plus rien et pour lesquels il n'est plus question de payer.
Les logements se vident, puis des quartiers entiers.
Je sais que ça paraît digne d'un épisode de Walking Dead, mais pour comprendre cette réalité, je vous invite à vous renseigner sur l'histoire de la ville de Detroit dans le Michigan.
Vous pourrez témoigner du cercle vicieux d'une population en baisse sur l'économie locale, de l'effondrement des services publics de la ville et de sa désertification.
Si certains éléments de ce tableau vous rappelle déjà des villes françaises, vous n'êtes pas les seuls.
Et ce n'est qu'un avant goût d'une longue liste de problèmes liés à ce manque de naissances.
Alors je vous rassure, on va parler de solutions quand même. Mais avant ça, essayons de comprendre comment nous sommes arrivés là.
Surface
La première chose à laquelle on pense pour expliquer la baisse de la natalité c'est la chute de la fertilité.
Notre mode de vie industriel affecte progressivement notre santé, et notre fertilité en subit les conséquences.
Mais les chiffres sont unanimes: la part de la population ne pouvant avoir d'enfants reste marginale face à celle qui en a la capacité.
Il y a aussi PMA, qui continue de progresser, et permet dans certains cas de palier aux problèmes.
Il faut aussi noter, et nous le verrons plus tard, que l'augmentation récente de ces difficultés s'explique par l'âge de plus en plus tardif auquel les femmes décident de procréer.
Je ne vais donc pas m'éterniser sur le sujet de la fertilité.
La deuxième cause souvent mentionnée, c'est la contrainte financière. Les prix ont explosé, et beaucoup considèrent qu’ils n'ont plus les moyens d’élever des enfants.
L'immobilier est de plus en plus cher et en quelques décennies, les jeunes ont perdu 20 à 30 m² de pouvoir d'achat en surface habitable, une surface qui pourrait accueillir un ou deux enfants.
Depuis des années, les salaires moyens sont en baisse et l’écart entre revenus et coût de la vie ne cesse de se creuser.
Pourtant, si la précarité représente une difficulté supplémentaire de fonder une famille, elle n’a jamais été rédhibitoire : l’histoire et la géographie montrent que les populations pauvres ont toujours fait plus d'enfants.
Si pour une partie des gens, les difficultés financières justifient l'absence d'une famille, nous verrons aussi que beaucoup choisissent de dépenser leur argent autrement.
Et pour reprendre l'exemple de la Corée du Sud, son gouvernement arrose ses citoyens d'argent et d'avantages pour devenir parents depuis 25 ans, et n'a toujours pas obtenu l'ombre d'un résultat.
Si les problèmes de moyens, financiers ou biologiques, n'expliquent qu'une petite partie du phénomène, c'est qu'on a avant tout affaire à un problème de choix.
Et un chiffre clé dont personne ne parle va complètement changer votre regard sur la situation.
Plongeon
Ce qui est intéressant avec le taux de fécondité d'1,6, c'est que c'est une moyenne.
Vous vous souvenez quand je vous disais que la vérité est tapit dans les détails ?
Stephen Shaw, réalisateur du documentaire BirthGap – je vous mets le lien en description - a découvert en croisant les statistiques un chiffre capital.
Dans tous les pays étudiés, les femmes qui deviennent mères ont toujours autant d'enfants qu’il y a 40 ans.
Dans les années 80 elles en avaient 2,4, et ce chiffre n'a pas changé aujourd'hui.
Cette information apporte une lumière éclatante sur les raisons réelles de la crise des naissances.
Elle démontre qu'elle ne s'explique pas par une baisse du nombre d'enfants par mère, mais par une augmentation du nombre de femmes qui ne le deviennent jamais.
Elles ne refusent bien sûr pas toutes la maternité.
10% seulement d'entre elles déclarent n'avoir jamais voulu d'enfants. Si cette part vous semble raisonnable, elle était cependant de 2% il y a juste quinze ans.
Ensuite, 10% n'ont jamais réussi à tomber enceintes.
Mais pour les 80% qu'il reste, fonder une famille faisait partie de leurs projets, et finir sans enfants n'avaient jamais été envisagé.
Les circonstances qui privent ces femmes - et par conséquent ces hommes - de la famille dont ils rêvaient, constituent la face cachée de cette crise dont personne n'ose parler.
Pour comprendre les origines de ce désastre, je vais vous conter l'histoire de la machine qui l'a provoqué.
Outrage
Il n'y a pas si longtemps encore, une poignée de journaux papiers et de chaines de télé bénéficiaient du monopole de l'information.
Afin de plaire à tout public et d'assurer un maximum de ventes, tous s'efforçaient de rester relativement neutre pour ne s'aliéner personne.
Le devoir d'informer et l'objectivité constituaient encore les fondations du journalisme.
Puis arrive internet avec sa vitesse fulgurante, offrant l'opportunité à tous de publier en ligne et de se faire entendre. Le nombre de médias numériques explose.
Mais dans un marché saturé, imiter les autres, c'est se partager une part toujours plus maigre du même gâteau.
Inévitablement, l'information se fragmente, et oblige chaque acteur à se différencier des autres.
Il ne s'agit alors plus d'informer, mais de capter à tout prix notre attention.
Et le numérique possède un atout de taille, dont les journaux papiers et la télévision n'auraient jamais osé rêver : la capacité de mesurer cette attention avec une infime précision.
Très rapidement, les données révèlent que l'argumentation rigoureuse ne fait pas le poids face à des ressorts bien plus efficaces.
Ces ressorts, ce sont nos émotions.
Et pas n'importe lesquelles.
En haut de la liste : la peur, la colère, et l'indignation. Surtout lorsqu'elles opposent un groupe à un autre.
Le marché de l'information devient un terrain de jeu où chaque mot est une arme pour capturer des clics.
Avec de l'imagination, n'importe quel événement peut servir n'importe quelle cause. C'est l'âge d'or de l'instrumentalisation.
Les fondations du journalisme sont peu à peu broyées dans la machine capitaliste, et de ces messagers - jadis gardiens de notre information - ne reste bientôt plus qu'une industrie de l'outrage.
Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin.
Facebook et les réseaux sociaux envahissent le web.
Ils enfantent alors les dictateurs les plus puissants de toute l'histoire: j'ai nommé les algorithmes.
Et leur mission est simple.
Analyser mécaniquement nos réactions et adapter le contenu qu'ils suggèrent pour garder en otage notre attention.
Ces algorithmes - pour qui chaque utilisateur n'est qu'une série de clics - découvrent, comme les humains avant eux, les rouages de la psychologie humaine.
Très vite, ils tirent sur ces ficelles et excellent dans l'art de nous enfermer dans une bulle.
Clic après clic, les algorithmes nous transforment sans état d'âme en une version toujours plus extrêmes de nous-même.
En parallèle, Apple glissera dans toutes les poches du monde le premier iPhone.
C'est le début d'une relation toxique et fusionnelle entre l'Homme et son téléphone.
Mais condamner unilatéralement la puissance d'internet ne serait pas lui rendre hommage.
Il a aussi offert à des causes et leurs victimes la chance inespérée de faire entendre enfin leur voix.
C'est le cas du mouvement MeToo, qui a permis aux femmes victimes de violences sexuelles, longtemps isolées et réduites au silence, d'exposer des agresseurs jusqu'ici intouchables.
Mais ce mouvement qui n'était au départ qu'une correction nécessaire coche toute les cases de l'industrie de l'outrage.
Exploité par les algorithmes, toujours avide de cibles, le féminisme s'érige en dogme et inonde le discours public.
Instrumentalisé à tous les échelons du système, ce mouvement - qui aura tant donné aux femmes - se radicalise, et ouvrira la porte à toutes les autres formes de justices sociales.
Dans la ligne de tir de cette machine implacable, nos jeunes générations.
En quête d'identité, vulnérables, hypnotisées par la magie de cette technologie dont leurs parents ignorent encore toute la puissance - parce que ça les arrange - ils trouvent dans cette justice sociale le parfait exutoire aux frustrations propre à leur âge.
C'est le début d'un embrasement idéologique mondial qui signe la plus grande fracture qu'on ait jamais connu entre les hommes et les femmes.
Mais ça, ce sera pour la deuxième partie de cette épisode.
J'espère que vous réalisez maintenant l'ampleur de la crise des naissances et à quel point il est urgent qu’on en parle.
Ne gardez pas pour vous cette prise de conscience, et prenez le temps de partager cet article.
Merci de m'avoir lu jusque là.
On se retrouve bientôt dans la deuxième partie de cette épisode.
D’ici là, gardez l'esprit ouvert, mais surtout, ne laissez pas leur cirque y entrer…
La deuxième partie de cet épisode est déjà disponible sur YouTube, et sera bientôt postée sur Substack décomposée en parties courtes: