Pour lire la première partie:
Ceci est la deuxième partie de ma vidéo sur la destruction de la famille. J’ai passé beaucoup de temps à travailler le rythme et la musique sur cet épisode, alors je vous invite à la visionner directement sur YouTube:
Origine
Avant de développer notre énorme cerveau et la connerie humaine qui nous distinguent des autres espèces, il faut se rappeler que 99.95% de notre existence sur Terre est animale. Alors pour comprendre nos comportements, il serait absurde de ne pas se tourner vers ceux des animaux.
On vous dit que si les femmes et les hommes sont différents, c'est à cause des pyjamas bleus, des voitures hot wheels, des poupées barbies et des cartables roses.
Imaginez qu'on applique cette logique à nos cousins les mammifères. Dans ce cas là, les mâles kangourou seraient plus forts et agressifs que les femelles parce que papy Kangou leur offrent des fusils de cowboy à noël. Les femelles chimpanzés sont plus attentionnées et parentales que les mâles, parce que les gars organisent des tables rondes tous les weekends en se fumant des cigares afin d'empêcher leur femmes d'organiser des raids pour protéger leur territoire.
La question fondamentale n'est pas nouvelle, et la science a déjà largement tranché. Qu'est-ce qui vient de l'inné, et qu'est-ce qui vient de l'acquis ? Autrement dit : combien de nos comportements viennent de notre biologie, et combien de notre culture et notre environnement ?
C'est un domaine de recherche fascinant. Rien ne vous ouvrira autant les yeux sur la nature humaine. A part peut-être 1000 personnes face à 5 millions dans les Beast Games. Je vous mets deux livres excellents très différents que je vous recommande en description.
Alors vous allez voir, ce qui est intéressant quand on se penche sur l'évolution, c'est qu'on se rend compte très rapidement que ce qu'on critique aujourd'hui chez les hommes - comme l'ambition, la force physique ou la compétition - a été sélectionné par les femmes depuis la nuit des temps.
Et inversement. Les critères de sélection masculins - comme la jeunesse, les courbes voluptueuses ou l'intelligence sociale - sont pas un caprice patriarcal. C'est le produit de la sélection naturelle, dont la seule dynamique est la transmission des gènes. Si un trait aide à survivre, il va se propager. Sinon, il est abandonné.
Depuis toujours, les mâles et les femelles choisissent les partenaires qui maximisent les chances de survie de leurs enfants. Pour comprendre ça, il faut partir de deux concepts très importants.
Le potentiel de reproduction: combien d'enfants on peut avoir.
Et l'investissement parental: combien ça coûte de les élever.
Les mâles ont deux stratégies de reproduction possibles:
La première qui a duré très longtemps, c'est "semer et partir". Je vous épargne l'extrait vidéo. C'est une forme de prédation. Les mâles multiplient les partenaires sans s'investir dans les enfants. En faisant un maximum d'enfants, ils augmentent les chances que leurs gênes se propagent dans le temps.
La deuxième, arrivée bien plus tardivement, c'est s'investir plus sérieusement. En protégeant et en éduquant un nombre plus limité d'enfants, on augmente leur chance de survivre et de se reproduire.
Les femelles n'ont qu'une stratégie viable: celle de l'investissement. Bah oui, ça ne sert à rien pour elles de multiplier les partenaires, puisqu'elle ne peuvent porter l'enfant que d'un seul mâle. Et leur contribution à la reproduction est bien moins négligeable. Fabriquer un enfant c'est long, ça demande beaucoup d'énergie, et ça les rend très vulnérables. Mettre un enfant au monde, ça présente aussi des risques considérables. Et il faudra s'en occuper des années après sa naissance. Enfin, la fenêtre de fertilité des femelles est beaucoup plus courtes que celle des mâles, ce qui limite encore davantage leur nombre potentiel d'enfants.
Ces différences de stratégies ont d'abord généré un modèle de séduction où les mâles rivalisent et les femelles choisissent. Et c'est plutôt logique: si les mâles veulent un maximum d'enfants, ils doivent entrer en compétition pour avoir accès au maximum de partenaires. Et les femelles, qui n'ont aucun intérêt à multiplier les mâles et laisser les choses au hasard, sélectionnent celui qui donnera les meilleurs chances à leur enfant.
Mais ça veut dire quoi "les meilleures chances"? On parle ici bien sûr des meilleurs gênes. Bon, ça veut dire quoi "les meilleurs gênes" ? C'est différent pour chaque espèce, mais je vais vous donner un exemple parlant.
On va parler d'un oiseau, le paon. On le connait tous grâce à sa roue énorme et très voyante. Alors à première vue, cet appendice présente aucun avantage évolutif pour sa survie et celle de ses descendants. Au contraire, il lui faut beaucoup de ressources et d'énergie pour la développer, elle le rend plus visible pour ses prédateurs et elle le ralentit dans ses mouvements. Autant dire que niveau survie, elle l'handicape carrément. Mais la sélection naturelle, c'est pas un processus au petit la bonheur chance. Comme je vous le disais, si des millions d'années d'évolution conservent une adaptation, c'est toujours pour une bonne raison.
La roue, c'est le profil Tinder du Paon, pour faire swiper à droite toutes les femelles. Dans sa bio, ça dit: "regardez moi, je pète la forme, j'ai les ressources pour développer et trimballer ce truc énorme, et en plus je suis encore vivant." La queue du Paon, c'est un compromis évolutif. Elle s'est adaptée jusqu'à atteindre le meilleur équilibre entre menace pour sa survie et optimisation de son potentiel de reproduction. Elle s'est donc en partie développée sous la pression de sélection des femelles. Et ça c'est important.
Parce que comme la roue du paon, les bois du cerf, le chant du rossignol ou la crinière du lion, nos corps et nos comportements ont été sculptés par les préférences du sexe opposé.
Et si tout ça est vrai, on devrait donc trouver chez nous les mêmes schémas que chez les animaux.
Vérifions:
Primo, les mâles sont plus gros et plus agressifs. Bon bah déjà là y'a pas photo.
Deuzio, les mâles ont une libido plus élevée et veulent plus de partenaires. Ca se passe de commentaire.
Tertio, les femelles sont plus sélectives. Même l'alcool n'a jamais vraiment réussi à éliminer ce problème.
Quarto, les mâles font les marioles pour séduire. Encore une fois, ici, pas trop de discussions.
Il reste deux autres différences chez les animaux. Les femelles sont plus parentales, et les mâles plus tape-à-l'œil.
Bon là vous allez me dire qu'y'a un problème, parce que c'est pas entièrement le cas chez nous. Est-ce que ça prouve pas l'influence des magazines de mode, et des papas qui gueulent "oh fais pas ta gonzesse" sur leurs garçons ! Et bein non. C'est encore une histoire d'adaptation. On s'est différencié sur ces points là pour deux raisons.
La majorité des animaux se reproduit sur une seule saison. Ils profitent d'un climat où les ressources sont en abondance pour nourrir la nouvelle génération. La compétition entre les mâles se fait sur un laps de temps très court, et celui qui gagne s'assure un quasi monopole sur les femelles. On a un superbe exemple ici chaque année en Dordogne pendant le brame du cerf. Les mâles s'affrontent pendant un mois pour éliminer les adversaires et avoir accès aux femelles. Les femelles, elles, ne sont fertiles qu'un à deux jours par an ! Pas étonnant que les mâles se prennent la tête.
Mais notre branche, celle des primates, s'est développée dans un climat tropical où la nourriture était disponible tout le temps. C'est pour ça qu'apparaissent les cycles menstruels. Les femelles peuvent alors concevoir à tout moment. Et ça change tout ! Parce qu'un mâle ne peut pas monopoliser toutes les femelles 365 jours par an. Résultat, le nombre de partenaires et donc de descendants possibles des mâles baissent drastiquement. Par conséquent, les mâles aussi deviennent sélectif avec leur partenaire. Ils ne dominent plus pour monopoliser toutes les femelles, mais pour être acceptés par les meilleures d'entre elles.
N'allez surtout pas dire aux féministes radicales, soit dit en passant, que les cycles menstruels ont diminué la domination patriarcale. Elles parlent déjà de leurs règles suffisamment.
Deuxième changement:
On a fini par descendre des arbres et à nous redresser sur deux jambes. Ca veut dire plus de nourriture, deux mains qui fabriquent des outils, et une complexification des relations sociales. Des conditions parfaites pour développer un gros cerveau. Il se développe d'ailleurs tellement que nous naissons avant que notre cerveau ne soit développé entièrement.
C'est ce qu'on appelle l'état "altricial". Contrairement à un poulain qui peut marcher moins d'une heure après sa naissance, nos chérubins mettent des années à devenir autonome. Il faut s'en occuper et les éduquer pendant 10 à 25 ans. Et encore, je suis clément.
En plus on peut avoir des enfants très rapprochés dans le temps. C'est pour ça qu'apparait le besoin d'allomaternité. L’allomaternitén c'est pas un numéro vert pour aider à compter les cuillères de lait en poudre à 3h du mat. C'est un comportement social où d'autres personnes que la mère s'occupent des enfants - oncles, tantes, grands-parents, et donc le père évidemment .
Du coup les femmes commencent à chercher des hommes capables de s'investir.
Ces deux changements, fertilité annuelle et dépendance extrême du nourrisson, ont transformé la séduction humaine. On est passés d'une sélection unilatérale à une sélection mutuelle.
Les hommes deviennent aussi plus sélectifs, puisqu'ils s'investissent.
Les femmes rivalisent aussi entre elles pour attirer le meilleur partenaire.
D'ailleurs toute notre psychologie affective vient de là: la jalousie, l'amour, le deuil etc.
Donc toutes nos différences viennent de la préférence de l'autre sexe.
Maintenant que vous avez le bagage théorique, on va résumer, vous allez voir c'est très logique.
Les hommes ont développés des traits liés à la survie, la compétition et la reproduction: la force, la stratégie, l'endurance, une voix grave, le statut social, le courage ou l'ambition. Et plus tard, l'investissement parental. La rivalité entre eux a créé des stratégies de démonstration de statut et de domination sociale: l'acquisition de ressources, la prise de risques ou la capacité à diriger les autres.
Les femmes ont développé des traits qui signalent la santé et la jeunesse, et donc la fertilité. Une voix plus aigüe, la peau douce, un certain ratio poitrine-taille-hanches. Des qualités relationnelles: l'écoute, la coopération. Des traits essentiels à l'éducation comme l'intelligence sociale, l'empathie émotionnelle, la patience ou l'organisation. Leur compétition à elles passe par le soin de l'apparence, l'hyper-vigilance social, ou l'usage du langage pour gagner de l'influence . La confrontation directe, c'est beaucoup plus risquée pour elles. Elles préfèrent des formes de conflit plus discrètes comme la rumeur ou l'exclusion sociale. Les messes-basses, c'est pas de la mesquinerie, c'est encore une adaptation.
Bon, vous n'allez pas me croire, mais on a survolé les bases. J'espère que ça vous éclaire un peu sur nos comportements et sur nos relations.
Vous voyez bien que nos différences sont pas des inventions.
Et je vous garantis que tout ce qu'on vient de voir sera très utile pour comprendre la suite.
Et pour explorer les raisons qui nous divisent, je vous propose de commencer par le plus gros morceau, par un mot qui anime tous les débats. J'ai nommé...
Le patriarcat…